La vraie force de l’artiste autodidacte, et qui plus est de l’artiste naïf, est qu’il sait faire abstraction de son monde professionnel. Qu’il soit pâtissier, enseignant, coiffeur, employé de bureau, il fait preuve d’une rébellion et d’une liberté inattendues qui donnent naissance à des œuvres colorées et joyeuses qui sont parfois en totale contradiction avec la monotonie et l’asservissement de sa condition professionnelle.

D’ailleurs, peut-on vraiment parler d’asservissement ? L’artiste naïf ne trouve-t-il pas dans son métier sa véritable source d’inspiration ? Ne cesse-t-il pas tout simplement d’être l’employé, le cadre ou l’ouvrier obéissant pour ne garder en lui que sa rigueur, son savoir-faire, des compétences propres à son métier qui lui permettent de devenir un créateur ?

N’en déplaise à certains détracteurs prétendument intellectuels mais finalement si conformistes et souvent si acerbes à l’égard des « peintres du dimanche », les œuvres merveilleuses des vingt-huit artistes naïfs sur les cimaises du groupe Art naïf donnent encore cette année la preuve éclatante que l’œuvre de l’artiste est compatible avec un passé ou un présent professionnel heureux ou malheureux.

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